[Bleach]Jusqu'à ce que la mort nous sépare

Jusqu'à ce que la mort nous sépare

Auteur : gossip Coco
Fandom : Bleach de Tite Kubo
Genre : Romance, Angst, Yaoi, Lime léger
Rating : R/M
Pairing : Ikkaku x Yumichika
Disclaimer :: Les personnages ne m'appartiennent pas (grand bien m'en fasse), je les emprunte juste pour faire mumuse.
Résumé : Le passé d'Ikkaku et Yumichika avant et après leur rencontre dans le Rukongaï et sur leur relation. Yaoi.

"Toujours la même impression... Toujours la même..."

Madarame Ikkaku se réveilla en sursaut, le dos trempé de sueur. Il ne se souvenait pas de son rêve et pourtant un intense sentiment de solitude menaçait de l'engloutir. Il se dépêcha de se lever pour chasser cette atroce sensation qui lui vrillait chaque cellule de son corps avant de prendre son katana. Il lui fallait se battre, pour tout oublier. A commencer par ce sentiment.

Il avait tué toute une troupe de brigands mais cela n'avait pas effacé son mal être et malgré ses efforts, un sentiment de désespoir commençait à l'envahir. Il haïssait la Soul Society et cette dernière le lui rendait bien. La seule chose à faire, c'était continuer à se battre, pour mieux se fuir, arpenter les ruelles sordides du Rukongaï pour ne pas à avoir faire face à lui-même et à sa médiocrité.

Ikkaku était décédé dans sa vie humaine à un âge relativement jeune avec sa mère. Ils s'étaient retrouvés dans un des Quartiers les plus sordides du Rukongaï où sa mère essaya néanmoins de lui donner un semblant d'éducation. Cependant, cette dernière fut tuée alors qu'elle essayait de trouver un peu de nourriture, sous les yeux de son fils. Ikkaku. Privé de l'amour maternel, plongé dans un monde de violence, le jeune garçon dut mûrir plus rapidement que ses congénères du même âge vivant dans les quartiers riches de la Soul Society. Il apprit rapidement à tuer, cherchant à se défaire du sentiment de culpabilité de n'avoir pu protéger la seule personne qui avait gravité dans son univers. Mais le temps passant, ce sentiment se mua en quelque chose de plus sombre, la soif de combat pour lui-même. Le visage souriant de sa mère s'estompa progressivement ainsi que la culpabilité. Mais la solitude, elle, ne s'effaça pas. Il vivait seul, combattait seul, sans personne à ses côtés. Et, peu à peu, les rêves étranges où le jeune homme se retrouvait pris dans un étrange brouillard aux couleurs de métal avec une silhouette floue dans le lointain. Chaque fois, Ikkaku avait l'impression d'être appelé par cette silhouette mais se réveillait toujours avant d'avoir pu distinguer la nature de cette ombre fantomatique. Et le réveil était toujours plus amer, avec un léger goût âcre dans la bouche.

"Tu vas crever pour avoir buté mon pote, sale enfoiré. Hurla le brigand.
-Non, c'est toi qui va mourir." Rétorqua Ikkaku, les lèvres fendues d'un large sourire.
La lame du katana d'Ikkaku s'entrechoqua avec celle de son adversaire qui parvint à l'esquiver et à le frapper à l'épaule. Un flot de sang jaillit ce qui n'incommoda pas Ikkaku, bien au contraire, il redoubla de violence avant de décapiter son ennemi, son sang éclaboussa sur son visage au regard de dément. Le corps sans vie du brigand tomba mollement au sol avec un sorte de flop obscène. L'adrénaline du chauve retomba instantanément laissant place à la douleur de son bras entaillé.
"Merde." Marmonna le jeune homme avant de sombrer dans l'inconscience.

"Ikkaku... Ikkaku... Tu n'es pas seul..."

De nouveau cette voix dans sa tête et une sorte de rage qui s'emparait de chaque cellule de son corps. Une envie de tuer, non plus des adversaires mais ce mal être qui lui pesait et le menaçait de l'engloutir dans la folie.

"Mourir seul... Est-ce vraiment ton souhait, Ikkaku?" Fit la voix dans l'épais brouillard aux couleurs de métal et au goût de rouille.
Ikkaku vit de nouveau la silhouette, c'était la première fois que la voix était aussi distincte.
"Non... Je ne veux pas mourir seul. Mais je n'ai personne...
-Et moi? Reprit la voix.
-T'es qui, bordel?
-Je suis une partie de toi, Ikkaku. Je suis l'âme de ton Zanpakutô.
-Mon quoi?
-Ton katana. Tu es un shinigami. Si tu le souhaites vraiment, je peux te rendre encore plus fort, tu pourras plus avoir ce sentiment de solitude qui t'empêche de me voir.
-Un shinigami? Bredouilla le chauve. Qui m'empêche...
-Ce brouillard n'est que la matérialisation de ta solitude. Accepte-moi, et ce brouillard disparaîtra.
-Tu es..."

"Merde..." Grogna Ikkaku en ouvrant péniblement les yeux.
Sa blessure avait cicatrisé mais la douleur était toujours présente, sans compter qu'il avait perdu une grande quantité de sang. Au prix d'un ultime effort, il parvint à se relever en bougonnant. Déchirant une partie de son kimono, il se fit un bandage de fortune tout en repensant à son rêve. Même ça se le chiffonnait de l'admettre, il savait que cette voix n'était pas un délire de son esprit. Que cet être mystérieux avait été toujours été présent en lui, faisait partie de lui, au même titre que son katana. Il fallait qu'il sache. Il se mit en tailleur et ferma les yeux.

Le brouillard avait commencé à perdre ses couleurs de métal et même à se dissiper lentement. Ikkaku sentit une légère boule dans la gorge et le goût de rouille lui donna la nausée. Etait-ce une sorte d'angoisse? Non, Ikkaku ne connaissait pas la peur, juste la solitude.
"Tu es revenu?"
Ikkaku pivota lentement et resta figé ; un immense dragon se dressait devant lui, ses écailles étaient des mêmes couleurs que le brouillard, d'un gris métallisé, accentuant son allure impressionnante.
"On devient pote, reprit Ikkaku ignorant la question, et je deviens plus fort?
-Oui. Mais avant, il faut que tu découvres mon nom.
-Ton nom?
-C'est exact. Et je crois que tu le sais déjà."
Ikkaku sursauta légèrement. Le nom de son Zanpakûto... Fermant furtivement les yeux, il le sut. Prenant une inspiration, il se tint droit devant l'immense dragon et déclara d'une voix ferme :
"Ton nom est..."

Le rêve cessa. Ikkaku serra le katana et le regarda, un bref sourire carnassier fendit ses lèvres.
"Allons-y, Hozukimaru. Devenons forts ensemble."

Et toi? Quelle est ta couleur préférée?

Même si une âme perd la quasi-totalité de ses souvenirs terrestres lors de son passage du monde réel à la Soul Society, certaines choses, telles les traits de caractères, des goûts ou même des manies, elles restent ancrées chez la personne décédée. C'était le cas d'Ayasegawa Yumichika. Durant sa vie mortelle, il avait vécu dans un de ces maisons de plaisir de l'Epoque d'Edo. Son côté efféminé et coquet ainsi que son culte de la beauté étaient deux de ses principales caractéristiques de sa personnalité. Par une cynique ironie du sort, le jeune homme s'était retrouvé dans un des quartiers aussi misérables et sales que celui d'Ikkaku était dangereux et sordide. Yumichika apprit cependant à se battre, à lutter, non pas pour sa survie, il s'en moquait presque, mais pour détruire cette laideur qui l'entourait et qui l'insupportait. Et aussi, tout comme Ikkaku, pour rompre avec sa solitude. Car, au fond de lui, il recherchait quelqu'un pour qui, il se sentirait, non pas beau, mais qui brillait dans ses yeux. Et c'était pour cette raison qu'à chaque rixe, à chaque combat, il risquait sa vie. Pour se sentir resplendissant de vie.

Il avait provoqué tout un groupe de voleurs et, malgré sa victoire, Yumichika avait été sérieusement blessé. Il s'était adossé à un arbre en bougonnant.
"Ce n'est vraiment pas beau, se plaignit le jeune homme. C'est même d'une laideur exaspérante."
Puis, il sombra dans l'inconscience.

C'était un immense champ d'orchidées blanches. Tout était trop lumineux, d'autant que le vent faisait virveloter des centaines de pétales. Soudain, un plume dansa sous ses yeux violets. Yumichika la saisit délicatement, l'air perplexe. C'était une plume de paon.
"Qu'est-ce...
-Yumichika, cela faisait longtemps que je t'attendais. Ce blanc commençait à m'aveugler.
-Pardon? Je ne comprends rien à ce vous dites. Et qui êtes-vous d'abord?
-Qui je suis? Voyons Yumichika. Un être aussi beau que moi, il est impossible que tu ne puisses avoir conscience de mon existence.
-Vraiment?
-Tu ne sembles pas me croire. Dans ce cas..."
Avant que Yumichika ne puisse ajouter quoi que ce soit à cette conversation des plus étranges, un immense et magnifique paon aux plumes scintillantes et dont certaines avaient des orchidées légèrement écloses aux extrémités apparut à ses yeux. L'animal avec des reflets azurés sur les yeux des plumes ce qui le rendaient vraiment très beau et en plus impressionnant par sa taille qui s'approchait plus de celle d'un humain que d'un paon ordinaire. Yumichika resta interdit, sans savoir quoi dire de sarcastique. Cette chose ne pouvait le surpasser en beauté.
"Alors, surpris? Reprit l'animal d'un ton dédaigneux. C'est normal. Un tel chef d'œuvre tel que moi ne pouvait que te surprendre.
-Qui diable es-tu?
-Allons, tu es peut être beau, mais pas stupide, j'espère, répliqua le paon sur le même ton dédaigneux. Je suis une partie de toi. Je suis l'âme de ton Zanpakûto, ton katana. Tu es un shinigami. Si tu m'acceptes en tant qu'allié, alors on pourra devenir très forts mais aussi encore plus beaux. Tu as beaucoup évolué depuis que tu as commencé à te battre. Mais il serait temps pour toi de passer à un stade supérieur.
-Et qu'est-ce qui me pourrait me faire croire que tu veux bien me prêter ta force?"
L'animal soupira.
"Je sais que tu connaissais mon existence avant mais ton orgueil et ton arrogance ne te rendent pas les meilleurs services pour me comprendre.
-Te connaitre?
-Je ne pourrai pas te prêter pas ma force si tu ne découvres pas mon nom.
-Et tu ne le donnes pas?
-Non, parce que tu n'as pas assez confiance en moi. Si tu parviens à connaître mon nom, nous pourrons resplendir ensemble, si tu le souhaites.
-Azur...
-Pardon? C'est ma couleur préférée. Comment...
-Ruriiro Kujaku. C'est ton nom, n'est-ce pas?" Fit Yumichika, tenant un mince ruban rouge entre ses doigts.

Il avait été quelque peu surpris par la puissance de son Zanpakûto et sa nature. Il se sentit à la fois fier et un peu vexé. Il aurait aimé quelque chose de plus beau, c'est à dire bien plus agressif. Cependant, il parvint à un espèce d'accord tacite avec Ruriiro Kujaku. Lorsqu'il l'appellerait Fuji Fujaku, alors ce dernier ne révèlerait qu'une toute petite partie de sa puissance. Sous cette forme libérée, Yumichika paraissait menaçant et agressif, donc beau. De cette manière, il pouvait se battre comme un vrai guerrier, tout en sachant pertinemment que ses capacités réelles étaient largement supérieures à celles qu'il utilisait. Ce qui lui donnait une impression de beauté cachée prête à éclore.

Mais malgré tout, une seule chose lui manquait malgré la présence invisible de Fujaku, c'était quelqu'un.

Le ciel avait ce soir-là une teinte écœurante d'un vieux rose sale tirant péniblement sur un bleu délavé. Ikkaku regardait ce ciel et ses nuages, le regard vide et absent, indifférent à la montagne de cadavres qui trônait à une quinzaine de mètres. Il n'était pas plus blessé que d'habitude, juste plus en sueur. Depuis la découverte de l'existence d'Hozukimaru, des sensations inédites le parcouraient lors de ses rixes. Mais le sentiment de solitude le tenaillait toujours en une douleur atroce et amère. Et plus ce sentiment le lançait dans chaque cellule de son corps, plus il cherchait à se battre, pour effacer tout cela dans un grand bain de sang.


Il l'observait depuis quelques jours. Yumichika était fasciné. Ainsi les rumeurs concernant le guerrier chauve étaient fondées. Le jeune homme avait entendu parler de ses exploits et le jeune homme s'était mis en tête de le trouver et de savoir ce qu'il en était réellement. Il n'était pas déçu. Il n'était pas seulement fort, il était beau, dangereusement séduisant. Car il était agressif. Pourtant Yumichika décida de ne pas l'aborder immédiatement. Non pas par crainte. Mais dévoiler sa présence dans l'instant ne provoquerait certainement pas la réaction que Yumichika escomptait, même si pour l'heure, ce dernier ne savait pas ce qu'il désirait réellement. C'était ainsi que commença un jeu étrange, celui du chat et de la souris.


Il ne l'avait pas remarqué tout de suite, mais il sentait bien un reiatsu, toujours le même, le suivre de loin en loin. Et bien qu'Ikkaku n'était pourtant pas naturellement doué ressentir les énergies spirituelles, celle-ci avait quelque chose de particulier. Il n'aurait su dire ce que c'était. Il ne ressentait pas de la peur en provenance de ce reiatsu, loin de là. C'était même l'inverse. Que devait-il faire? Le provoquer pour savoir pourquoi il était suivi? Ou continuer à jouer à l'ignorant, dans l'espoir que ce soit ce mystérieux individu qui sorte de sa retraite? Il opta finalement pour la seconde solution. Quelque part, au plus profond de lui, avoir ce regard qui l'accompagnait à chacun de ses combats avaient quelque chose l'apaisait, ne lui donnait plus cette pénible impression de solitude.


Ce jeu dura ainsi quelques temps où chacun s'évertuait à ignorer ce que l'autre savait. Qu'Ikkaku avait conscience de la présence de Yumichika sans le connaître et que Yumichika savait qu'Ikkaku savait qu'il était là. Jusqu'à ce jour...


Ikkaku avait provoqué une dizaine de types pour se distraire et aussi pour voir jusqu'où son mystérieux compagnon caché dans la pénombre aurait la patience d'attendre pour enfin le rencontrer. Trois des agresseurs étaient déjà étendus au sol, gisant dans une mare de sang et le chauve allait croiser le fer avec un quatrième quand, soudain, le bruit familier de deux lames s'entrechoquant lui parvint. Ainsi donc, les brigands avaient surpris la surveillance de son suiveur. Mais ce qui lui parvint par la suite l'étonna bien plus que d'avoir confirmé ses doutes concernant la nature guerrière de l'individu.
"Tu voulais nous attaquer par surprise pour aider ton pote? Braillait celui qui se battait avec Yumichika.
-Tout d'abord, ce genre de tactique est d'une laideur insupportable. Ensuite, on ne se dit pas "Je dois l'aider" mais plutôt "Je ne dois pas l'aider". Rétorqua Yumichika.
-Qu'est-ce que c'est que ce ramassis de connerie? Beugla son adversaire.
-Quand un de tes potes s'amusent, tu ne vas pas le déranger? Eh bien, c'est pareil. Mais je crois que tu es vraiment trop stupide pour comprendre ça. Je vais donc abréger ton existence."
Disant cela, Ikkaku reconnut le bruit obscène d'un membre se faisant trancher suivi d'un hurlement de douleur indescriptible. Le chauve se fendit d'un sourire qui trahissait son excitation et une brusque montée d'adrénaline. Il le savait, cet individu, il l'attendait, que ce soit pour se battre jusqu'à la mort ou pour autre chose. Ils allaient enfin se rencontrer vraiment.

Yumichika n'avait pas prévu cette attaque. Cependant, elle lui apporta quelque chose d'inespéré. Il allait enfin avoir l'occasion de faire face à celui qui le fascinait, pour qui il ressentait quelque chose qui n'était ni de la rivalité ni aucune sorte d'agressivité. C'était même l'inverse. Ce chauve dont il ignorait encore jusqu'au prénom était l'expression bien vivante de sa propre violence intérieure, son côté impulsif et destructeur. C'était désormais l'instant où son propre destin serait scellé par la mort ou par la naissance de quelque chose de nouveau. Cette chose serait un lien entre lui et l'objet de son obsession.

Après avoir achevé les quelques bandits qui le menaçaient, Ikkaku se tourna vers celui qui l'avait suivi et qui restait encore un peu en retrait sans pourtant se dissimuler. Le chauve le détailla du regard. A première vue, il n'avait rien d'un guerrier : svelte, efféminé, portant un joli kimono, c'était l'archétype du guerrier. Mais malgré cela, Ikkaku ne baissa pas sa garde, tout du tant qu'il ne connaîtrait pas ses intentions.
"Je me demandais quand tu allais te montrer, commença t-il sans préambule.
-Quand nous aurions été prêts à nous rencontrer, répliqua Yumichika, un léger sourire aux lèvres.
-Ce n'était pas le cas avant?
-Je ne pense pas."
Le silence retomba, un silence de sous-entendus. Tous deux l'avaient compris, c'était étrange, c'était tordu, mais cette rencontre, chacun la désirait. Cependant, maintenant qu'ils étaient face à face, ils ne savaient trop par où commencer.
"Tu vas continuer à m'accompagner? Interrogea Ikkaku.
-Pour moi, combattre et vivre seul ou mourir, ça ne fait pas de différence."
Ikkaku haussa un sourcil, totalement abasourdi. Ces mots-là, lui-même aurait pu les prononcer. Il allait répliquer mais Yumichika le devança.
"Se battre aux côtés de quelqu'un n'est forcément signe de faiblesse. Cela ne le devient que si on va au secours de son..."
Yumichika s'interrompit, cherchant le mot adéquat. Mais il n'en trouva pas qui convenait à ce qu'il recherchait.
"Je vois. Au fait, qu'on se batte ou qu'on décide de rompre la solitude ensemble, il serait poli de se présenter. Je m'appelle Madarame Ikkaku. Car quand quelqu'un meurt sur un champ de bataille, il vaut mieux pour lui de savoir qui l'a tué, tu ne crois pas?
-En effet, rien n'est plus laid que de perdre sans savoir qui en est la cause. Moi, je suis Ayasegawa Yumichika. Veux-tu bien..."
De nouveau, le jeune homme s'interrompit avant de reprendre plus bas.
"Que je continue de te suivre? Je ne supporte plus d'être seul."
Et, à sa propre surprise, Yumichika vit Ikkaku lui tendre la main.
"Viens, on va encore plus s'amuser si on reste ensemble. Et que, vu ta force, je n'aurai pas à m'inquiéter pour toi quand on se battra."
Yumichika sourit de nouveau. Leurs destins étaient donc liés.

Les jours se suivent sans vraiment être complètement semblables ou sans être vraiment différents. Ikkaku et Yumichika, malgré leur rapprochement aussi soudain qu'étrange, avaient laissé dresser entre eux, une sorte de mur invisible qui témoignait, non pas de méfiance de l'un envers l'autre mais plutôt une sorte de réserve naturelle. Chacun avait confusément conscience que le lien qui se tissait entre eux progressivement n'était pas une simple amitié ; il y avait bien plus que cela. Une attirance où l'un et l'autre comprenait le désir de l'autre mais dans l'incapacité d'y répondre dans l'immédiat. Etait-ce de la gêne? Certainement, songeaient-ils chacun de son côté. Pourtant, ce qui était certain, c'était que cette situation ambiguë ne pourrait pas durer éternellement. Après chaque combat qu'Ikkaku livrait, une excitation palpable était ressentie entre eux. Pour calmer cette tension, Ikkaku se saoulait jusqu'à tomber ivre mort dans son lit mais tous deux savaient que cela ne pouvait durer éternellement.


Ce soir-là, Yumichika était parti en quête d'un peu de nourriture après qu'Ikkaku ait été légèrement blessé lors d'une petite rixe avec un groupe de trois soûlards. Le combat, bien que s'étant conclu avec la victoire d'Ikkaku, avait affamé celui-ci et son excitation n'était pas retombée. Implicitement, Yumichika avait décidé donc de s'éclipser en prétextant une recherche de nourriture, alors que tous deux savaient pertinemment qu'en réalité, si les deux hommes restaient dans la même pièce, quelque chose se passerait... Quelque chose qu'ils avaient tous deux peur de regretter car cela changerait ce qui avait entre eux à jamais. En bien ou en mal, cela n'importait peut être pas vraiment. C'était juste qu'ils ne se sentent pas encore prêts.


Yumichika rentra alors que la soirée était avancée, retrouvant un Ikkaku affalé sur ce qui lui servait de lit. Il ne dormait pas, il contemplait le plafond d'un œil absent. Même l'entrée de son compagnon ne le fit pas réagir. Enfin pas immédiatement. Lentement, sa tête pivota vers Yumichika qui l'observait de loin, une légère rougeur aux joues. C'était la première fois que ce dernier rentrait sans trouver le chauve complètement assommé par l'alcool. Il remarqua la bouteille de saké à qui il ne manquait visiblement pas une seule goutte. Se rapprochant de son ami, le jeune homme posa sur la table un sac de fruits avant de s'asseoir à côté d'Ikkaku.
"Tu crois que ça va durer comme là longtemps?" Demanda le chauve, sans préambule.
Yumichika ne répondit rien sur le moment, ayant compris l'allusion. Ils ne pouvaient plus se voiler la face. Ils n'avaient qu'à se dire que ce n'était que physique, même si, au fond d'eux, c'était le contraire. Les soirées où ils discutaient ne faisaient que leur mettre l'évidence sous les yeux. Ce n'était pas l'amitié qui les lierait pour la vie. Ni la soif de combat. En tout cas, pas complètement. Ce qui les avait attirés l'un vers l'autre, c'était...
"Je peux... Reprit Ikkaku, un léger rouge aux joues. Je voudrais plus..."
Toujours sans répondre, Yumichika se rapprocha de ce dernier, ses lèvres frôlant la peau d'Ikkaku, celle de son front, avant de descendre le long de son visage. Ikkaku, ne pouvant plus maîtriser son propre désir, s'empara de l'une des mains de son compagnon qu'il posa sur son torse.
"Je sais pas... Murmura Yumichika, la tête dans une sorte de brouillard indescriptible.
-Moi, si... Je crois que ce que j'attendais sans savoir pourquoi, c'était toi, Mika. Ne demande pas pourquoi. C'est comme si... C'est ce qui me semble plus naturel."
Lentement, il fit tomber le kimono de son amant avant de l'embrasser à son tour, fougueusement. Yumichika, quelque part dans sa tête, songea que ça lui ressemblait tellement, impétueux, fougueux. Et se laissa aller. La sueur coulait le long de son dos alors que les mains d'Ikkaku ne cessaient d'éveiller son désir. Il s'allongea et peu à peu, aussi naturellement qu'ils auraient dégainé leurs Zanpakûtos, les deux amants commencèrent à s'aimer, avec encore une certaine retenue, sans pour autant manquer de fougue et passion. Peu à peu, Ikkaku ne put retenir sa soif de désir et lui murmura simplement :
"Je peux?"
Ce à quoi Yumichika se contenta de s'offrir langoureusement, un léger sourire de bonheur aux lèvres.


Le lendemain, Ikkaku fut le premier à se réveiller. Son regard se posa sur son amant encore endormi. Deux sentiments contradictoires combattaient à ce moment dans son esprit. Il était follement épris de Yumichika. Alors qu'ils faisaient l'amour, tout semblait simple, ils se complétaient dans leurs aspirations sensuelles. Mais aussi, pouvait-il s'attacher de cette sorte à quelqu'un, sans se détourner de sa soif de combat? S'il perdait, il perdait Yumichika. C'était la pensée qui lui faisait peur. Perdre la vie lui semblait presque anodine à côté. Méditant cela, Yumichika s'éveilla à son tour et l'interrompit dans ses pensées.
"Si tu ne veux pas perdre, il suffit de gagner." Fit-il, un léger sourire aux lèvres.
Ikkaku le regarda, interloqué mais ne put rétorquer quoi que ce soit, Yumichika reprit sur le même ton apaisant.
"Tu as une grosse ride sur le front. C'est facile de deviner ce à quoi tu penses."
Ikkaku répondit par un léger sourire avant de blottir la tête de son amant contre son cou.
"J'ai encore envie de toi." Lui sussura t-il.

Après tout, les questions, ils n'en avaient pas besoin. Ils avaient juste besoin d'être ensemble. Le plus naturellement du monde.