Texte divers de Carrie

Allongée sur mon lit dans ma chambre obscure, je ressasse ce jour qui s’achève pour laisser place au suivant. Des images floues, quotidiennes défilent dans mon esprit, puis soudain une image plus claire s’impose… Une image qui me trouble… Lui avec Elle… Mon cœur se brise ainsi que tout espoir d’être heureuse avec lui ! Je veux tout oublier, mais cette image persiste réduisant les restes de mon cœur à l’état de poussière. Un liquide salé coule maintenant le long de mes joues. Ce liquide tant redouté.
La nuit est noire, aucun astre ni même la lune sont présents pour me réconforter dans mon malheur et ma souffrance, seul ce noir profond qui reflète mon humeur est prédominant. Aucun son est émis, sauf le bourdonnement de la pluie battante contre les carreaux de ma fenêtre qui accompagnent mes sanglots silencieux.
Je ferme les yeux, l’image s’estompe et mes pleurs s’apaisent en même temps que le sommeil m’emporte, épuisée par tant d’émotions…

Je marche lentement dans une ruelle sombre, mes pas sont lourds, lourds de tristesse, de souffrance. Tu m’as quitté pour elle, alors que notre histoire d’amour était si belle, mais tu as tout gâché pour cette traînée. Tu as bafoué tout nos projets d’avenir, oublié tout nos souvenirs, renié tout nos moments de complicité, d’intimité. Elle va souffrir comme je souffre, elle va connaître la souffrance de la perte d’un être chère. Elle ne mérite pas ton amour, c’est moi qui doit recevoir tes mots tendres, tes baisers brûlants de passion, et non elle. Pourquoi ? Parce que moi je t’aime, je t’aime à en mourir, tout mon corps réclame le tiens, je veux à nouveau frémir sous tes carresses, goûter ta langue, écouter ta belle voix suave et sentir l’odeur enivrante de ton parfum. Je veux me glisser dans tes draps pour me blottir contre ton corps nu chaud de plaisir. Tu me manques, tout ton être me manques… Tu es mon idéal, mon âme sœur… Sans toi je ne suis rien, je ne suis qu'une enveloppe charnel sans vie.

D’où je suis, j’aperçois maintenant la fenêtre de ta chambre. La pluie battante fouette mon visage, mes vêtements sont trempés mais je reste là, statique, envahie par le doute. Ton ombre se profile à l'intérieur, rien que cette manifestation de ta personne m'émoustille, je n'ai qu'une seule envie me blottir dans tes bras protecteurs, et me laisser aller. Une larme perle au coin de mon oeil, j'essaye de la retenir mais la douleur est trop forte rien qu'à la penser qu'elle est peut-être là, blottit contre toi. Je tremble. Il faut que je sois forte. Je serre le métal froid de la mort contre ma poitrine pour m reedonner du courage. Peu importe ce qu'il adviendra de moi, mon amour pour toi est éternel, et je vais le défendre. Ce soir est un nouveau départ, celui d'une autre vie dans un autre monde.

Dans un dernier effort, je finis le petit bout de chemin qui nous sépare pour entrer dans ta demeure. Mon coeur bat la chamade, mes mains sont moites, ma tête tourne. Mais je vais le faire, je vais accomplir ma destinée, t'ouvrir les yeux, je suis la femme de ta vie, je vais te retrouver, on ne sera plus que toi et moi, on s'aimera et on sera heureux ! C'est pour toutes ces raisons que je vais commettre l'irréparable. Tu entres dans le salon, la stupéfaction te frappes en m'apercevant. D'un geste mécanique je lève le canon de la mort en ta direction, tu restes là, tétanisé. Guidée par la jalousie le coup part et tu t'éffondre sur le sol, sans vie. Je ne suis plus qu'une machine sans sentiment, sans état-d'âmes qui a accompli sa destinée, je n'ai aucune notion de ce qui vient de se passer, aucun remords, tout me semble fictif, je suis déjà ailleurs, dans un autre monde. Tout ce que je sais c'est que si je ne t'ai pas, personne ne t'aura. Mais ne t'inquiètes pas mon amour, bientôt je serais avec toi, je m'allonge à tes côtés, nous serons réunis pour l'éternité. Je place l'objet froid contre ma poitrine, à l'emplacement de mon coeur, là où la douleur est la plus intense. Une dernière larme coule le long de ma joue, ma tête est lourde. Un simple mouvement de mon doigt et je m'endors à tout jamais. La vie s'est échappée de mon corps, mon âme funeste s'élève vers les cieux.

Tes rideaux blancs sont souillés de nos sangs, ma jalousie t'as tué et je suis morte d'amour pour toi. Mais peu importe maintenant nous sommes ensemble pour l'éternité...